Montrer une exposition de Jean Marc Scanreigh à Nice relève somme toute de l’évidence.
Scanreigh est un autodidacte au parcours peu commun. En 1976, âgé d’à peine 26 ans, le Musée d’Art Moderne de Strasbourg lui consacre une exposition qui la même année sera reprise par le CAPC de Bordeaux.
Le catalogue en est préfacé par Christian Bernard qui allait diriger la Villa Arson et devenir une des personnalités les plus influentes (et ce jusqu’à maintenant) du milieu de l’art contemporain en France.
Connivence entre les deux hommes, en 1980 Christian Bernard presente Scanreigh au Centre Georges Pompidou à Paris, dans le cadre des Ateliers Aujourd’hui et signe un nouveau texte. L’exposition fera l’objet d’un article dans Le Monde.
Dès lors s’enchaîneront les expositions, non seulement dans les galeries en France et à l’étranger, mais aussi dans les Centres d’Art, les FRAC, les musées. Les oeuvres de l’artiste seront à la FIAC,à Art Basel.
Son nom, ses oeuvres depuis toujours me sont familiers. Il est ainsi naturel que j’aie choisi Scanreigh pour le premier solo show de la galerie Laurent & Laurent à Nice.
L’exposition s’intitule « Scanreigh, une abstraction figurative », car comme le préssentait le critique Bernard Lamarche-Vadel, « les tableaux de Scanreigh sont la figuration d’une abstraction qui prend pour sujet la détention de la toile (...) le report, les effets de saturation, de perspective chromatique ».
J’ai choisi des oeuvres représentatives de la trajectoire de l’artiste. En particulier un ensemble de toiles de la décennie passée jamais exposées qui seront confrontées à des estampes rares et des dessins sur bois des années 2000. Tous témoignent du parcours de l’artiste qui s’est défait de ses acquis de jeunesse pour tenter d’autres voies sans jamais rompre avec son point de départ.
« Scanreigh, une abstraction figurative » se veut comme le fragment d’une possible rétrospective où se condense la quintessence de l’oeuvre.
Une oeuvre riche, prolifique et foisonnante.
Alexandre Laurent
Partant d’une abstraction chatoyante aux effets drapés illusionnistes proche de l’hérésie par rapport aux normes du genre, l’artiste a extirpé de cette base des formes figuratives avec une certaine violence ce qui dans un premier temps a conféré à ses tableaux une dimension « brute » très expressive voire « punk » selon certains dires.
Puis la figuration a revendiqué davantage de dessin à moins que ce ne soit le contraire, une allégeance au trait qui doit beaucoup à la pratique de la gravure. Les références sont devenues lunaires, clownesques, terriennes, végétales, aquatiques, jouant avec drôlerie du télescopage des formes et des fragments de réalité sans cesse repris et réinterprétés à l’extrême.
Toute cette imagerie débridée qui parfois dialogue avec des graffitis préexistants ou d’anciens imprimés obéit néanmoins à une composition rigoureuse que la couleur vient bousculer comme un élément perturbateur obligeant l’artiste à choisir son camp de manière parfois heurtée.
Au fil du temps ressurgissent à doses diverses la véhémence ou la cocasserie dans une temporalité feuilletée ou tout tente de coexister avec tout. Ce n’est pas pour égarer le spectateur. Sans doute celui-ci perçoit-il des strates, des intentions à clefs multiples devant ce travail, mais sans se sentir obligé de déchiffrer à tout prix ce qu’il voit. L’artiste n’exige rien, il souhaite s’entendre avec le spectateur sur le chaos intime que chacun porte en lui et sur cette impossibilité d’épuiser le sens. Un tableau est cette chose dans laquelle il est parfois bon de ne pas trop se reconnaître pour mieux voir le reste.
OEuvres dans les collections publiques
• FNAC, (Fonds National d’Art Contemporain), Paris
• FRAC Rhône Alpes et FRAC Alsace
• Bibliothèque Nationale, Paris
• Bibliothèque de l’Arsenal, Paris
• Bibliothèques municipales, Lyon, Nîmes, Mulhouse,
Strasbourg, Nice ...
• Artothèques de Lyon, Nice, Nîmes, Limoges, Mulhouse,
Grenoble, La Rochelle, Villefranche-sur-Saône, Caen,
Istres, Evry, Arles, Compiegne, Amiens, Angers ...
• Fonds Michel Chomarat, Bibliothèque de Lyon
• AAFA (Association Française d’Action Artistique), Paris
• Ambassade de France à Tunis,
• Ambassade de France à Caracas
• Assistance publique, Paris
• Ville de Lyon et Ville de Villeurbanne
• Conseil général du Rhône
• Musée d’Art Moderne de Strasbourg
• Musée d’Art Contemporain de Saint-Etienne
• Musée de l’Estampe Originale, Gravelines
• Musée de la Carte à Jouer, Issy-les-Moulineaux
• Musée de la Carte à Jouer, Leinfelden-Echterdingen
• Musée de Belfort
• Musée Paul Dini, Villefranche-sur-Saône
• Musée des Arts Décoratifs, Lyon
• National Gallery of Australia, Camberra
• Cabinet d’Arts graphiques de Genève
OEuvres dans les institutions privées
• Fondation BNP Paribas, Paris
• Hôtel Méridien, Paris et Nice
• SCIC, Lyon
• Archives Fata Morgana, Saint-Clément
Monographies
• Jacques Jouet, « Pour un Scanreigh historié »,
160 p, 340 ill., Mémoire Active, 2008
• Jean Binder, « Une vie en images»,
284 p, 520 ill., Art Image, 2022
Pour sa troisième exposition la galerie Laurent & Laurent offre un group show inédit à Nice : "Bruts & Singuliers, l'Art Contemporain different".
Qui sont ces artistes longtemps boudés par l'institution avant la donation de la collection Bruno Decharne au Centre Georges Pompidou (Musée national d'Art moderne) à Paris ?
Toutes et tous sont des électrons libres, géniaux autodidactes qui ont ignoré les écoles d'art, leurs modes, leurs standards et leurs dictats.
L'art et l'urgence de faire œuvre a surgit dans leurs vies par surprise, se sont imposés comme une nécessité existentielle, aux antipodes de toute notion, idée même de carrière..
La Galerie Laurent & Laurent a sélectionné dix artistes, femmes et hommes, représentatifs de la chatoyance, de la pluralité et de la vitalité de l'art brut et singulier actuel en France.
Variations paysagères est le titre de la prochaine exposition, repris du livre de Pierre Sansot.
Le sociologue nous décrit la mobilité étonnante du paysage qui demeure le lieu visible de notre action historique et quotidienne.
Le paysage est le terrain de jeux et l'enjeu de nos émotions. Il nous projette dans l'imaginaire et nos désirs qui, mêlés à la mémoire inventent des autofictions .
J'ai invité trois photographes, avec des approches distinctes et singulières du paysage: Xavier Delory, Paul P D'Haese et Bruno Fontana.
Il y a le monument et la transgression, la frontière et l'entre deux, le totem et l'absence.